Chères infirmières,
devant le désarroi
de votre condition, il me vient une déduction logique que je vais
développer ici, elle n’enlèvera pas le problème, elle n’effacera
pas la douleur d’un bisou magique, mais elle vous donnera une plus
claire compréhension de la situation, et ça, c’est le début de
la guérison, car comme le disait le Bouddha, il faut premièrement
savoir que la flèche empoisonnée est dans notre chair.
Je crois pouvoir
conclure qu’il y a une forte augmentation des arrivées depuis un
certain nombre d’années, et que c’est EN PLUS de cela que les
problèmes de coupure de budgets, de privatisation, et de réduction
d’effectif viennent se rajouter.
Le résultat pour
vous ce sont les horaires à rallonge, les heures non payées, et
tout ce qui en découle. Cela me touche, mais ce sur quoi je me
concentre, ce sont les patients qui meurent dans les couloirs et dans
les parkings.
Je suis pragmatique,
et je cherche des solutions. Les sources du problème, on les connais
pour ce qui est des greffons dont je parle plus haut, mais le tronc
principal du problème, c’est l’augmentation des arrivées.
Considérez que nous
sommes en guerre. Cela se démontre de nombreuses façons
différentes, mais c’est un peu long, donc faites ‘comme si’ si
vous ne l’acceptez pas, et ça fonctionnera de la même façon au
niveau du raisonnement.
Un hôpital de
guerre, ça fait quoi quand une affensive majeure est annoncée ?
Ou rien que quand elle arrive ? Ca mobilise des moyens, ça
réquisitionne des espaces pour le ‘tri’, et ça réduit
fortement toutes les mesures qui ne sont pas ‘absolument
nécessaires’.
Si vos dirigeants
étaient compétents pour autre chose qu’appliquer du par-coeur, ou
être des esclaves de lobbies pharma, ils auraient pris ces mesures.
Notez bien que
quelque part les opérations ‘en ambulatoire’ dénotent bien de
cette optique, mais elle n’est ici que le fruit de l’optimisation
économique, pas du fait d’assumer la situation comme elle est en
fait.
La guerre
d’aujourd’hui, en tout cas ici et pour le moment, ne se passe
plus à coup d’obus et de balles de guerre, mais avec d’autres
moyens, le résultat est le même. Le fait d’avoir de plus en plus
d’agressions montre bien ce que je dis, les personnages incriminés
sont dans un ‘stress du combattant’, et ils sont traités comme
des patients normaux, cette incompréhension débouche sur des
agressions. Un soldat qui a pris une balle dans la cuisse, couché
sous son buisson, si vous arrivez en lui disant, ‘monsieur,
allongez-vous, restez calme, lâchez ce fusil’, vous allez vous en
prendre une, et c’est ce qui arrive.
Ca c’était le
conseil numéro un, et le seul. Pour le reste il s’agit de
comprendre que vos responsables auraient du mettre à disposition des
espaces plus grands, quitte à sortir de grandes tentes pour
l’événementiel, genre, afin d’être sûrs que personne ne reste
sur le carreau. Ensuite il faut des services de sécu équipés et en
nombre suffisant, afin de ne pas les voir devenir agressifs
eux-mêmes, et enfin, abusez de substances apaisantes, et bio, pour
vous assurer que tous ces soldats de différents horizons restent
dans l’harmonie relationnelle, un soldat ça tolère très bien la
drogue en général, surtout sur le terrain. Il n’y a pas que les
soldats, il y a aussi leurs victimes, qui ne sont pas toujours
soldats.
Le tri consiste à
pouvoir offrir une place en attente plus ou moins couchée avec du
matos qui coûte QUE DALLE, dans un espace protégé du vent et de la
pluie, UNE TENTE (au pire, après si le patron veut réquisitionner
un cinq étoiles avec une hypothèque sur ses biens, grand bien lui
en fasse). Il faut aussi en plus du groupe électrogène des
batteries pour éliminer ces dix secondes de lag, je pensais que
c’était prévu, désolé. Les reste des idées, et la façon de
procéder dans les détails revient aux médecins honnêtes qui sont
sûrement les plus décriés par les patrons-cyborg-lobby (souvent appelés mange-boule par certains combattants).
Les soldats vous
sont familiers par nature, surtout les gars solides et maigres, qui
ont ‘tout perdu dans la vie’ ce sont les plus évidents, mais
bien d’autres à l’heure que nous vivons sont sur le champs de
bataille urbain, des jeunes, très jeunes, des individus de toutes
sortes. Je ne vais pas dans le détail afin de ne pas les
compromettre de mon côté. Mais les règles de la guerre impliquent
de soigner tout le monde, en tout cas de mon côté on fait comme ça,
si possible bien sûr.
Il faudrait aussi
que le tri prenne en compte les traîtres et les ennemis, afin qu’ils
soient placés sous surveillance ou en détention par la suite, comme
il se doit. Normal.
Je ne sais si cette
guerre va durer encore longtemps, mais partez du principe que oui. Il
faut par contre dire que le bout du tunnel, je le vois. Mais combien
de victimes encore, Dieu seul le sait.
Prévoyez aussi de
quoi égayer les pots de départ de la direction, car ils sont
radins, les copains à Buzin, et on ne sait jamais, ils pourraient
encore vous empoisonner.
En espérant que
2020 soit l’année de la techno parade magistrale, je vous fais un
gros bisou, aux infirmiers aussi.
Marc
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